Marie-Pierre Alix, bonjour.
Vous êtes neurothérapeute, est-ce que vous pouvez nous présenter votre activité ?
Bonjour, oui, je suis neurothérapeute, plus exactement, mon activité s’appelle le détachement de traumatismes, il s’agit d’une neurothérapie, une thérapie brève qui fonctionne neurologiquement comme l’EMDR. C’est une pratique qui vise à relancer un processus naturel du cerveau qui se passe pendant le sommeil paradoxal. Pendant les rêves, les yeux bougent de droite à gauche, de haut en bas de façon anarchique et cela c’est pour stimuler les hémisphères du cerveau, qui vont s’échanger les expériences, les émotions de la journée, pour les trier, en rejeter certaines, et digérer l’ensemble de ce qui s’est passé. Il arrive toutefois que les émotions soient trop fortes et que le cerveau n’arrive pas à les digérer. Alors pour ne pas péter un câble, le câble c’est donc cette membrane qui est entre les deux hémisphères du cerveau, le cerveau va mettre ces émotions de côté. Et chaque fois que le cerveau détecte une situation qui ressemble à ce qui a encodé cette émotion au départ, et bien il va la réactiver. Ces émotions négatives, parfois elles surgissent en nous et on ne sait pas trop pourquoi. On peut ressentir de la tristesse, de la peur, du dégout, et on n’identifie pas pourquoi. L’inconscient lui il sait très bien de quoi il s’agit et il vient relancer cette émotion négative, la réactiver, comme pour al pointer du doigt et dire : il faut s’en débarrasser.
Comment fonctionne cette technique du détachement des traumatismes ?
La personne qui vient voir un neurothérapeute arrive avec quelque chose qui l’encombre, qui l’empêche d’avancer, qui l’empêche d’être elle-même, quelques fois c’est confus, quelques fois elle ne sait pas exactement ce qui se passe, c’est un manque de confiance, ou de la tristesse. Quelques fois la personne a un problème très précis, ça peut être un deuil insurmontable, un TOC, une phobie. A ce moment on va faire une anamnèse, pour aller chercher à quel moment, le petit garçon, la petite fille, a encodé cette émotion négative.
Comment faites-vous cette anamnèse ?
D’abord je fais remplir beaucoup de fiches aux personnes, la première séance il y a beaucoup d’écrits. Avec en particulier un test inconscient qui est très intéressant, où je vais faire donner des qualificatifs à certains animaux ou aliments comme le café. Et à partir de ce test inconscient spécifique au neurothérapeute, la calligraphie des mots qui ont été utilisés, les préférences, cela va me donner beaucoup de pistes. Je vais expliquer à la personne son test inconscient, lui faire une interprétation et ça va faire lever beaucoup de choses en elle. En fait c’est la personne qui travaille. Moi je vais l’interroger, j’utilise l’hypnose conversationnelle pour faire émerger quand c’est que la personne a encodé cette émotion négative, et je vais faire ne sorte que la personne ressente très très fortement l’émotion. Moi j’utilise aussi la PNL pour bien calibrer la personne, bien faire ressortir ce qui se passe pour elle. Et une fois que la personne ressent très très fort ce qui se passe, qu’on est allé identifier les moments où ça s’est encodé – on y arrive pas toujours attention, il y a des fois où on n’arrive pas à aller chercher la racine, à ce moment-là on va aller travailler le symptôme lui-même- mais lorsqu’on a la racine c’est encore plus puissant. La racine c’est la source, le moment où l’enfant a encodé ce mal être.
Que faites vous après cette anamnèse ?
Une fois qu’on a bien identifié l’émotion, la personne va s’installer dans le fauteuil et moi, par le biais d’un stimuli sur les genoux, en EMDR le psychiatre ou le neurologue utilise fait bouger les yeux, le neurothérapeute passe par le biais d’une stimulation sur les genoux, il y a une ramification, nerveuse très importante dans tout le corps et qui vient justement se connecter à cette membrane entre les deux hémisphères. Le cerveau va relancer ce processus qui s’est mal passé une nuit dans les rêves et va relancer ce processus de digestion, d’intégration. Au bout de trois quart d’heures, la personne qui s’est installée dans le fauteuil en vrac, avec des sensations très désagréables, et bien tout ce qu’elle m’a raconté, à quel moment elle a senti cette sensation, tout cela va devenir neutre, et la personne va sortir du fauteuil débarrassée de cette émotions négative.
Est-ce que la personne reste dans cet « état neutre »?
Comme on vient de faire une place, bien sûr là-dessus on va ré-encoder quelque chose de positif, soit pas le même biais, soit au travers de l’hypnose, et la personne s’est débarrassée de cette émotion très très rapidement. C’est une thérapie brève, toutefois il y a une carte de lecture, on va aller voir le petit enfant entre 0 et 5 ans, qui a encodé tout son émotionnel avec maman, puis ensuite, toute sa capacité à faire, avec papa entre 7 et 14 ans, et puis, l’estime de soi, sa valeur, entre 14 et 21 ans, quand la jeune personne prends son envol et développe son moi. Donc on peut dire qu’il y a trois parties très importantes d’une personne : son être avec tout son émotionnel, son ressenti, son faire, avec papa et puis son estime de soi, sa valeur : être, faire et avoir.
Ces trois processus : l’anamnèse, dé-encoder l’émotion négative et ré-encoder du positif, se passent au cours de la même séance ?
Absolument, simplement c’est une émotion à la fois, c’est-à-dire qu’on va aller plutôt sur une période de la vie précise, on va pas faire toute la vie d’un coup bien entendu. Mais ça reste une thérapie brève, au bout de 3, 5, 6 séances avec un neurothérapeute, les gens repartent avec quelque chose des très sûr, il y a des gens qui trouvent du travail, qui vont rencontrer l’amour, en tout cas se sentir très bien dans leur axe, très bien dans leur personne.
Quel type de public vient vous voir ?
Il y a toute sorte de personnes, à partir de 8 ans parce qu’avant on considère que l’inconscient n’est pas tout à fait formé, pas complètement en tout cas, même si notre inconscient il vient de la nuit des temps et qu’il y a beaucoup d’automatismes physiologiques et environnementaux. Mais nos automatismes émotionnels on les a encodé enfants. Donc on va faire vraiment une partie de la vie, à chaque séance, on ne va pas faire toute la vie en une fois. C’est pour ça qu’on préconise de faire faire 3 à 5 séances. Maintenant il peut y avoir des personnes qui viennent par exemple pour un deuil insurmontable, et là une séance ou deux c’est suffisant. Mais sinon 3 à 5 séances, c’est vraiment un beau cadeau, quand je vois la personne repartir lors de la dernière séance, qui est vraiment très sure d’elle, très affirmée, et dans un état d’être très agréable.
Est-ce qu’il y a des personnes avec qui ça ne fonctionne pas ou avec qui vous avez pu trouver des blocages, des difficultés avec cette méthode ?
Ça arrive parfois, même si j’ai des outils pour faire un petit peu craquer les gens, mais il y a des gens qui sont très très enfermés, pour qui c’est très très difficile de ressentir des émotions. Peut-être parce que c’est des blocages qui sont nécessaires, l’inconscient dit « non non on ne va pas voir », à ce moment-là on respecte. Quand les personnes sont vraiment très enfermées en elles même, au travers de l’anamnèse j’ai quand même des moyens de leur faire ressentir ce qui se passe pour eux, ce qui les empêche d’être. Il arrive toutefois des personnes pour qui ça ne va pas le faire, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas arriver à se lâcher, mais c’est exceptionnel, globalement, ça fonctionne très très bien, c’est une thérapie qui peut concerner 90% des gens.
Quels type de troubles sont concernés par cette thérapie ?
On est dans l’émotionnel, dans la sensation, dans les échecs professionnel répétitifs, ou dans de la difficulté à se donner de la valeur à soi, peut-être à gagner sa vie. S’il s’agit de pathologies physiques, là c’est autre chose, on va peut-être aller voir les avantages secondaires. Parce que tout ce qui est négatif en nous ça travaille en sous-marin, ça fait souvent des dégâts, donc ça va permettre à la pathologie de pouvoir se guérir, au travers d’autres thérapies, bien sûr. Ça va débloquer ce qui empêchait de guérir. Toutefois je ne sais pas aller guérir une personne qui a une vraie pathologie physique. Je vais juste lui permettre de se débarrasser de ce qui l’empêche de guérir. Je vais l’aider, c’est elle qui va faire le travail.
Et comment vous avez découvert cette thérapie ?
Alors je l’ai découverte de façon complètement hasardeuse, j’ai fait une psychanalyse, j’ai fait deux psychothérapies, tout cela m’a beaucoup aidé, m’a donné une bonne conscience des choses, m’a permis également d’édulcorer des choses qui n’allaient pas en moi et donc je pensais que tout allait bien. Et puise j’avais un ami qui faisait cette formation de thérapeute et qui cherchait des cobayes. J’ai fini par lui dire « bon d’accord, si tu veux, c’est bien parce que c’est toi ». Et en réalité, à l’issue de la première séance, que j’ai fait sur ma maman, il s’est passé des choses incroyables pour moi. Par exemple je me rongeais les ongles depuis toujours au sang et au bout de quelques jours je me suis rendue compte que je me rongeais plus les ongles. Je ne sais pas tout d’un coup il y a des tas d’horizons qui se sont ouverts pour moi et ça a été quelque chose de vraiment merveilleux pour moi. Donc j’ai continué, j’ai fait plusieurs séances et j’étais de mieux en mieux, ça m’a donné une solidité très importante et un matin je me suis réveillée et je me suis dit : « Et bien moi aussi, je vais me former à ça ».
Comment vous êtes-vous formée à cette thérapie ?
Et j’ai fait cette formation qui se passe dans le nord Isère, dans un organisme qui s’appelle le CGHE et qui est très puissant. J’ai fait ma formation, de PNL, ma formation d’hypnose et ma formation de détachement des traumatismes dans ce centre. C’est des formations qui ont extrêmement intenses et assez rapides. Toutefois la PNL ça s’étale sur une année entière. Maintenant fait quatre ans que je pratique à Caluire dans le Rhône à proximité de Lyon.
Est-ce que c’est un outil que des thérapeutes, sophrologues, hypnothréapeutes, peuvent ajouter à leur boite à outils pour accompagner leurs patients ?
Oui, à condition que leur pratique elle-même leur permette de faire une anamnèse qui va aller faire émerger l’émotion qui empêche précisément . C’est une émotion par exemple la tristesse, qui peut s’accompagner de colère, de culpabilité, de plein de choses. Mais il y a une émotion principale qu’on va aller déprogrammer. Donc si le thérapeute a dans sa pratique ces outils là c’est évidemment, avec sa méthode à lui que le thérapeute va pouvoir faire émerger cela et après faire ce stimuli, qui est assez connu, assez simple. Mais l’anamnèse est fondamentale donc il faut que le thérapeute ait sa méthode d’anamnèse.
Comment peut-on vous trouver pour en savoir plus ou vous contacter ?
Par mon nom – Marie-Pierre Alix- et il y a le site du CGHE qui est une fédération avec l’annuaire des thérapeutes. Je suis aussi sur Facebook ou joignable par mail : marie.pierre.alix@free.fr ou téléphone : 06 77 68 08 73.
Très bien, merci, donc les thérapeutes peuvent vous contacter s’ils veulent en savoir plus?
Tout à fait !
Auriez-vous quelques mots à dire sur le site Omyzen et ses pages Facebook ?
Je trouve ce site assez intéressant, c’est une façon de pouvoir rentrer en lien les uns avec les autres, de pouvoir prendre connaissances d’autres pratiques, il y a des échanges assez riches, je suis contente de connaitre ce site et sa page Facebook associée. Je trouve que c’est une initiative vraiment belle. Pour moi c’est très riche de pouvoir échanger, voir ce qui se passe ailleurs et parfois rencontrer d’autres personnes.
Merci d’avoir accordé cette interview à Omyzen, bonne continuation !
Sur l’EMDR, vous pouvez lire aussi : Effacer les traumatismes d’un clin d’œil : la surprenante technique EMDR